L'Archipel du Goulag est un livre d'Alexandre Soljenitsyne qui traite du système carcéral et de travail forcé mis en place dans l'Union soviétique Ecrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité. Sous-titré essai d'investigation littéraire, l'ouvrage en trois volumes est écrit à partir de témoignages de prisonniers ainsi que de sa propre expérience des camps soviétiques. Il est publié en 1973 et c'est son œuvre la plus connue.
Goulag (Glavnoe oupravlenie ispravitelno-trudovykh Lagerei, ou Direction principale des camps de travail) est un acronyme utilisé par l'administration soviétique pour désigner des camps de travaux forcés. Le terme « archipel » est utilisé pour illustrer la multiplication des camps et leur diffusion dans tout le pays, comme un ensemble d'îlots connus seulement de ceux condamnés à les peupler, à les construire ou à les relier. Cela fait également allusion au « goulag de Solovki », créé dès 1923 sur les Îles Solovetski.
Travaillant dans le plus grand secret pour éviter que les autorités n'interrompent son projet, Soljenitsyne commença la rédaction de son livre dès la fin de sa peine au Goulag comme prisonnier politique. Soljenitsyne hésita longtemps quant à la pertinence de cette publication ; la police secrète précipita sa décision. Il le fit publier à l'étranger en 1973 après que le KGB eut confisqué une copie de son manuscrit. « Le cœur serré, je me suis abstenu, des années durant, de publier ce livre alors qu'il était déjà prêt : le devoir envers les vivants pesait plus lourd que le devoir envers les morts. Mais à présent que, de toute façon, la sécurité d'État s'est emparée de ce livre, il ne me reste plus rien d'autre à faire que de le publier sans délai. »
Le démantèlement du Goulag intervient en 1986, le système aura donc duré 63 ans[1].
Les récits détaillés de L'Archipel du Goulag évoquent l'incarcération ensemble de détenus (« zeks ») de droit commun et politiques : un système où régnait l'arbitraire non seulement des gardiens, mais aussi des « blatnoï » (truands, considérés par l'administration comme plus « proches socialement » du régime que les « ennemis du peuple » (dissidents, ou simples citoyens raflés pour répandre la terreur et l'obéissance aveugle au pouvoir). Soljenitsyne décrit les « procès » expéditifs et joués d'avance, le transport des prisonniers (où la mortalité était déjà importante), le régime d'oppression des camps et l'augmentation des arrestations et des effectifs de « zeks » sous Staline jusqu'en 1953, effectifs très supérieurs à ceux de l'appareil sécuritaire tsariste, et qui servirent aussi à peupler de force la Sibérie et le Kazakhstan, puisque la majorité des survivants y étaient assignés à résidence après leur libération (en outre, le russe étant la langue de communication entre peuples de l’URSS, ils y étaient aussi un facteur de « russification »).
L’ouvrage a longtemps circulé en URSS sous forme de samizdat jusqu’à sa publication en 1989 dans la revue Novy Mir. Il a été critiqué par l'ancien adjoint du directeur de Novy Mir, Vladimir Lakshine, qui y dénonçait une description si apocalyptique, qu'elle risquait de reléguer au second les vicissitudes quotidiennes des citoyens soviétiques ordinaires[2], alors que l'ensemble des critiques de la terreur soviétiques le perçurent comme « une porte enfin ouverte sur une vérité longtemps niée, un démenti enfin opposé à tous les négationistes du Goulag, qui crachaient depuis des décennies sur les fosses communes des victimes et à la face des témoins » : sa lecture fait aujourd'hui partie du cursus des lycéens russes.
Source : Wikipedia